Joël Devillet : les combats d'une vie.
«Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire» J. Jaurès
Mais pourquoi le prêtre n’a-t-il pas également fait mention du décret du 4 février qui annonçait de nouvelles mesures contraignantes, plus dures, à l’encontre de Jacques G.?
Jean-Pol Crépin a pourtant connaissait pourtant l’existence et le contenu de ce second décret, il ne le nie pas. «Mais à partir du moment où le principal intéressé (Jacques G.) n’a pas pu en prendre connaissance, ce décret est nul et non avenu. C’est en tout cas ce que m’ont soutenu quelques spécialistes du droit canonique (législation qui réglemente la vie de l’Église).» Jacques G. est en effet décédé le 5 février.
«En plus, il n’est désormais plus là pour se défendre des différentes accusations. J’ai également tenu compte de cela pour la cérémonie de ses funérailles», continue Jean-Pol Crepin.
À voir et entendre les différentes réactions suite à cette messe de funérailles, l’opération d’apaisement et de pacification que le prêtre hesbignon dit avoir voulu mener n’a finalement pas été une mission totalement accomplie.
Un prêtre accusé d’attouchements a-t-il été réhabilité par l’Église avant ses funérailles à Éghezée? C’est tout l’inverse, assure l’évêché.
De son vivant, le curé Jacques G. a généré bien des controverses. Même son décès, le 5 février, n’a pas éteint la polémique, mais bien toutes les procédures judiciaires à son encontre.
Ce prêtre et psychologue, arrivé de son Canada natal il y a quarante ans, a fait copieusement parler de lui en 2012. Dans une interview accordée à la presse, il expliquait comment, via des thérapies centrées sur les «ondes Alpha», il parvenait à «guérir» l’homosexualité. Des propos qui ont fort logiquement heurté pas mal de monde, également au sein de l’Église.
En 2016, la justice commencera à s’intéresser à son «cas». À notre journal, un trentenaire expliquera comment il avait été victime, en 2002, des agissements du prêtre hesbignon. Fragile, un peu perdu, le jeune homme s’était à l’époque tourné vers ce drôle de thérapeute. Et, selon le plaignant, les séances avaient progressivement pris une tournure inacceptable. Le curé était ainsi accusé d’exercer une emprise psychologique sur son patient pour se livrer ensuite à des attouchements, des attitudes de plus en plus malsaines.
Suite à ces révélations, la Justice namuroise décidera d’indaguer. De nombreux devoirs d’enquête seront menés. Parallèlement, l’Évêché va prendre des mesures à l’encontre du curé controversé. En 2016 et 2017, monseigneur Van Cottem, évêque de Namur, interdira, par décret, au curé Jacques G. l’exercice du ministère sacerdotal mais aussi celui de son métier de psychologue. Du côté de l’évêché de Namur, on explique avoir voulu prendre des mesures «de précaution» qui devaient aussi respecter la présomption d’innocence. Délicat équilibre à trouver.
Mais l’Église a-t-elle finalement réhabilité le Jacques G., comme ont pu le laisser croire les paroles prononcées par l’abbé Crépin (lire plus bas), le jour des funérailles du prêtre canadien?
«Ce n’est absolument pas le cas», tranche d’emblée le chanoine Jean-Marie Huet. «En 2019, nous avons recueilli une nouvelle plainte à l’encontre du même prêtre (Jacques G.). Les faits étaient similaires. Il était question d’emprise psychologique et d’attouchements.» Et toujours sur une personne majeure mais mentalement fragile à l’époque des faits. «Nous avons donc tout transmis à Rome.» Et c’est le Vatican qui s’est visiblement retrouvé à la manœuvre, adoptant une tactique particulière. Le 3 février, les autorités romaines sortaient un premier décret qui annulait les mesures prises en 2016 et 2017 par l’évêque de Namur à l’encontre de Jacques G. Ce dernier, appuyé par un avocat, avait en effet contesté ces décisions. Il exigeait le rétablissement de ses droits. Rome a donc d’abord voulu faire table rase de cette première procédure avant de sortir un second décret daté du 4 février dernier. Et dans ce dernier, les interdictions étaient plus sévères et étendues: le curé ne pouvait plus assurer l’accompagnement spirituel ou pastoral des fidèles. «Nous attendions une décision finale de Rome. Et celle-ci aurait pu tomber trois mois plus tard.»
Feuillet funérailles J. Grignon
Messe célébrée avec la couleur liturgique blanche !
Joël Devillet y était.
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Le célébrant a bel et bien fait état du décret du 3 février envoyé par Rome. Ce texte était très favorable au curé controversé puisqu’il annonçait la levée des différentes interdictions dont il faisait l’objet (lire plus haut).