Joël Devillet : les combats d'une vie.
«Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire» J. Jaurès
Belga rtbf Publié le 02 mai 2016
De nouveaux éléments sont apparus dans le dossier de l'ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe, rapporte le magazine Humo sur base du réquisitoire final du parquet fédéral lié à l'opération Calice, qui se penche depuis 2010 sur les abus sexuels au sein de l'Eglise. Trois personnes ont déposé plainte, et non deux, et plus de 60 000 fichiers à caractère pornographique ont été trouvés sur son ordinateur, dont certains impliqueraient des mineurs. Le parquet fédéral a toutefois affirmé lundi soir que ce matériel pornographique n'avait rien de punissable.
Le troisième plaignant est un trentenaire de Flandre occidentale qui s'est manifesté en décembre 2012. Les faits visés datent de mai 1992, alors que la victime présumée était enfant de chœur. L'évêque est accusé d'avoir entraîné le jeune homme dans une chapelle et de l'avoir contraint à une fellation.
Comme dans les deux autres cas, ces faits sont prescrits.
Par ailleurs, l'analyse réalisée par la Computer Crime Unit de Bruxelles de l'ordinateur de Roger Vangheluwe a mis au jour 60 934 fichiers jpg à caractère pornographique, dont certains impliquant des mineurs. Des pages internet qui pourraient mener à de la pornographie infantile ont aussi été récupérées.
Selon le réquisitoire, l'ancien évêque est accusé d'avoir consommé de la pornographie infantile en 2003 et 2005, soit des faits qui ne seraient pas prescrits s'ils étaient établis. Cela pourrait également remettre en cause la prescription de faits plus anciens, selon le magazine, qui publiera l'article dans son édition de mardi.
"L'enquête de la Federal Computer Crime Unit a été menée à la demande du parquet fédéral", a expliqué le porte-parole de ce dernier, Eric Van De Spyt. "Du matériel pornographique a bien été retrouvé mais rien de répréhensible."
Mgr Jozeph De Kesel, évêque de Bruges, vient d’avoir une idée géniale, tout à fait dans l’esprit des repentances permanentes. Rappelons qu’en avril 2010, son prédécesseur, Mgr Roger Vangheluwe avait démissionné après avoir reconnu des actes de pédophilie commis quand il n’était pas encore évêque et « également un certain temps après ».
Le Samedi Saint 2012, Mgr Jozeph De Kesel a donc annoncé qu’il allait inaugurer une statue qui rappellerait, de manière permanente, le souvenir des turpitudes (certes réelles) de quelques pasteurs de l’Église. Il s’agit d’une petite robe d’enfant en verre transparent. L’évêque la déposera solennellement dans une niche, fabriquée creusée à cette intention, protégée par du verre, avec ce texte :
Afin que nous nous souvenions des victimes d’abus sexuels dans l’Église.
Cet ex voto sera placé dans la chapelle des baptêmes de la cathédrale de Bruges. Sans doute pour détourner les quelques parents qui mettent encore leurs enfants au catéchisme de le faire…
Source: Kerknet
Polémique après les confessions d’un évêque pédophile et une perquisition à l’archevêché de Maline-Bruxelles.
Les mails arrivent chaque jour par dizaines. Des messages d’encouragement ou de solidarité, mais aussi parfois quelques insultes. Prêtre à Halle, banlieue flamande de Bruxelles, Rick Devillé, retraité depuis l’année dernière, a mené pendant dix-huit ans un combat quasi solitaire pour dénoncer les cas de pédophilie dans l’Eglise belge. Mais depuis trois mois «le climat a changé», se réjouit ce prêtre partisan des communautés chrétiennes de base. La confession de l’évêque de Bruges, Mgr Roger Vangheluwe - qui a reconnu avoir abusé pendant des années d’un mineur de sa propre famille - et une spectaculaire entrée en lice de la justice ont mis sur le devant de la scène ces affaires trop longtemps étouffées. «Les fenêtres doivent se nettoyer des deux côtés, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, et les déclarations ne se sont pas encore concrètement traduites en actes», explique Rick Devillé qui, dès 1992, avait mis sur pied une équipe flamande pour les droits de l’homme dans l’Eglise - qui aurait recueilli 340 cas d’abus sexuels. A l’en croire, sa hiérarchie n’a jamais voulu l’écouter, le traitant d’«illuminé».
Crypte. A l’aube du 24 juin, une cinquantaine de policiers faisaient irruption au siège de l’archevêché de Maline-Bruxelles, où se tenait une réunion des évêques belges qui devaient, entre autre, évoquer les actes pédophiles qui, outre-Quiévrain comme ailleurs, secouent l’Eglise. Ils sont interrogés pendant neuf heures. Les pandores saisissent ordinateurs et téléphones portables, descendent dans la crypte de la cathédrale Saint-Rombaut et sondent les tombes de deux défunts prélats, au cas où des pièces compromettantes y auraient été cachées. Quelque 475 dossiers sont embarqués. Et mardi, c’était au tour du cardinal Godfried Danneels, ancien primat de Belgique, d’être interrogé comme témoin pendant dix heures.
Lancée par un juge instructeur flamand de Bruxelles, Wim de Troy, apparemment saisi par le procureur Bruno Bulthé, «l’opération Calice» - c’est son nom officiel - stupéfie l’opinion. D’autant plus que quelques jours auparavant un protocole avait été passé entre le ministre de la Justice et les quatre procureurs généraux du royaume pour laisser une commission - mise sur pied par l’Eglise en 2000 et présidée par le pédopsychiatre Peter Adriaenssens - recueillir les plaintes et les examiner. «Il s’agissait de mieux prendre en compte les victimes, les écouter en leur suggérant de porter plainte et en les accompagnant si elles ne le souhaitaient pas», explique Patrick Dubois, délégué épiscopal.
«Vieux démons». La perquisition et la saisie des dossiers ont suscité une virulente polémique. «Nous avons servi d’appât», s’indigne Peter Adriaenssens qui a démissionné comme les autres membres de sa commission. Les victimes sont divisées. «Je voulais faire un travail sur moi-même avec un psychiatre en qui j’avais confiance, mais sans réveiller de vieux démons», s’indigne le sociologue retraité Jan Hertogen, affirmant sur les ondes de la RTBF «se sentir piégé». D’autres, au contraire, se disent soulagés que des procédures judiciaires soient lancées. Le monde catholique se mobilise. Le pape, pourtant bien décidé à porter un coup à la pédophilie dans l’Eglise, critique «les modalités surprenantes et déplorables» de l’opération. Mgr André-Joseph Leonard, président de la conférence épiscopale, ironise sur ces «scénarios à la Da Vinci Code».«Il y a une réelle question de légitimité mais surtout de proportionnalité dans cette opération», souligne Fernand Keuleneer, l’avocat de l’épiscopat. A l’opposé, le camp laïc exulte. «C’est sans précédent qu’une institution privée puisse mener ainsi ses propres investigations internes avec le privilège de décider si elle doit soumettre ou non ce qu’elle découvre à la justice», soupire un magistrat.
Un véritable séisme est en train de secouer l’Eglise belge depuis le 23 avril, quand l’évêque de Bruges, Mgr Vangheluwe, a admis publiquement «avoir abusé d’un membre de son entourage proche et que la victime en est encore marquée». Il confiait avoir reconnu ses fautes avec sa famille et la victime, mais que «cela n’a apaisé» personne. Quelques jours plus tôt, il tenait une conférence pour pourfendre la pédophilie dans l’Eglise.
Le choc de cette confession, la première d’un évêque non plus accusé d’avoir couvert de tels actes mais de les avoir commis, a encouragé tous ceux qui se taisaient depuis des lustres à parler. «Ces victimes avaient pour la première fois le sentiment qu’enfin elles pouvaient être entendues», reconnaît Rick Devillé, qui a rencontré, en avril, Peter Adriaenssens et lui a donné ses dossiers. «La confidentialité du travail de la commission a permis à l’Eglise d’étouffer la plupart de ces affaires», explique le prêtre, qui maintenant espère que «les choses vont enfin aboutir».
Dans le cadre des affaires qui secouent l'Eglise catholique belge, les évêques de Belgique ont décidé de reprendre discrètement "leur tâche" pour soutenir les victimes, selon Jürgen Mettepenningen, porte-parole de la Conférence épiscopale. On ignore si une nouvelle commission de plaintes pourrait être remise sur pied.
"Les évêques de Belgique espèrent que les
mesures de la chambre des mises en accusation (NDLR: qui a rendu vendredi un arrêt gardé secret relatif à la régularité de l'instruction) continueront à restaurer la confiance envers tous ceux qui sont impliqués",
a indiqué vendredi le porte-parole de la Conférence épiscopale. Ce dernier n'a pu apporter de précision sur le projet des évêques.
Interrogé vendredi sur les antennes de la Première, Peter
Adriaenssens, le président démissionnaire de la commission chargée de traiter les plaintes d'abus sexuels dans le cadre d'une relation pastorale, a précisé que le rapport public que comptent publier les anciens membres de
la commission allait contenir les témoignages de "centaines" de victimes de viols sexuels.
Pour Peter Adriaenssens, il ne fait à présent aucun doute que le cardinal Danneels "savait" et qu'il a "dit aux gens: 'je vais
prier pour vous'". "Mais peut-être a-t-il fait d'autres choses sur le côté, en discrétion", s'interroge-t-il.
L'avocat du cardinal Danneels, Me Fernand Keuleneer a indiqué qu'avec la démission des membres
de la commission se posait la question de leur légitimité; "d'où la réflexion sur une nouvelle structure", a-t-il ajouté. L'avocat a précisé que les relations avec le professeur Peter Adriaenssens restaient
"excellentes". (belga) 13.08.2010
C’est ce que rapporte mercredi Het Laatste Nieuws, sur base de lettres issues du dossier de l’Opération Calice. Le cardinal Danneels a toujours affirmé qu’il était surpris par le nombre d’abus commis au sein de l’Eglise.
Le cardinal a été informé d’abus dans son diocèse, mais aussi dans toute la Flandre. “Dans la plupart des cas, il existe des échanges de lettres entre le cardinal et les victimes, leurs familles ou des proches”, d’après le quotidien.
C’est ce que rapporte mercredi Het Laatste Nieuws, sur base de lettres issues du dossier de l’Opération Calice. Le cardinal Danneels a toujours affirmé qu’il était surpris par le nombre d’abus commis au sein de l’Eglise.
Le cardinal a été informé d’abus dans son diocèse, mais aussi dans toute la Flandre. “Dans la plupart des cas, il existe des échanges de lettres entre le cardinal et les victimes, leurs familles ou des proches”, d’après le quotidien.
Des lettres de plainte ont été envoyées au cardinal Danneels.
Celui-ci a parfois répondu qu’il prierait pour les victimes. Dans un cas, il a même changé un prêtre pédophile de paroisse. L’homme d’Eglise n’a cependant jamais informé la Justice.
Lorsqu’il a été interrogé par la police judiciaire de Bruxelles en 2010, Godfried Danneels avait indiqué qu’il n’était pas au courant de cas d’abus sexuels dans son diocèse.
D’après Het Laatste Nieuws, André-Joseph Léonard, responsable de l’évêché de Namur devait pour sa part être au courant d’au moins 5 cas d’abus. 11.04.2012