Joël Devillet : les combats d'une vie.
«Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire» J. Jaurès
"C’est parce qu’en vérité, nous sommes impardonnables, qu’il nous est si difficile de demander pardon à nos victimes." Face aux affaires de pédophilie et d'abus sexuels qui entachent l'Eglise, la prière reste irremplaçable. Il ne faut pas l'oublier parallèlement aux nécessaires mesures temporelles qu'il convient de mettre en place.
"Dieu notre Père,
Des profondeurs du piège où nous sommes tombés, nous crions vers Toi !
Ne nous abandonne pas, nous, ton clergé, dans cette
épreuve.
Nous t’en prions, dis-nous comment nous pourrions bien être pardonnés
Et retrouver avec la paix du cœur, la confiance du monde.
Nous n’osons pas demander pardon
à tous les humbles, tous les petits,
Tes enfants bien-aimés, qui ont été trop souvent scandalisés
Par notre faiblesse devant les tentations du pouvoir, de l’argent et du sexe.
Et dire que Tu nous as
consacrés pour les guider et les sanctifier !
Nous n’osons pas demander pardon aux brebis que Tu nous as confiées
Pour les élever vers ce qui est beau, ce qui est bien et ce qui est vrai
Et que nous avons livrées aux mains perverses de loups ravisseurs,
Quand ce n’est pas nous-mêmes qui les avons initiées au pire.
Nous n’osons pas demander pardon à nos victimes.
Et pas seulement les enfants, mais aussi les innombrables adultes
Qui ont été manipulés spirituellement, en ton Nom !
Pour assouvir jusqu’aux plus abjectes convoitises.
Seigneur,
Toi qui es trois fois Saint, peux-tu comprendre cela ?
Après avoir abusé ou trahi en nous recommandant de Toi
Ces hommes et ces femmes de bonne volonté qui avaient confiance en nous,
Comment serions-nous crédibles,
en leur demandant pardon ?
Oui, Père très Saint, au lieu de servir les fidèles de ton Église,
Nous nous sommes comportés à leur égard
comme les dignitaires d’un parti
Qui cherchent à se maintenir au pouvoir, à tout prix,
Et qui, coûte que coûte, se protègent les uns les autres.
Aussi bien, Seigneur, Dieu
de mon salut, tu comprends notre problème :
C’est parce qu’en vérité, nous sommes impardonnables,
Qu’il nous est si difficile de demander pardon à nos victimes.
Mais
Dieu de Miséricorde, Tu nous as promis que Toi, tu nous pardonnerais
Comme nous-mêmes nous aurons pardonné à ceux qui nous ont fait du mal.
Pitié Seigneur, Père infiniment bon
:
À qui irions-nous pour trouver le pardon et la paix,
Sinon à Toi qui a envoyé l’Esprit saint pour la rémission des péchés ?
J’espère Seigneur, j’espère : près
de Toi seul se trouve notre rachat.
Il est vrai Père que nous ne méritons plus d’être appelés tes ministres,
Mais par Jésus ton Fils, nous te supplions d’entendre notre
cri :
Par Lui qui a vaincu définitivement le péché : sauve-nous !
Par Lui qui a annoncé l’évangile : convertis-nous !
Par Lui qui a réconcilié l’humanité avec Toi : pardonne-nous
!
Par Lui qui nous a envoyés servir en ton Nom :
Fais que notre conversion porte un fruit digne de notre repentir.
Ainsi soit-il."
Note de la Rédaction aleteia: cette prière, qui nous fut confiée sous le sceau du secret, entend traduire fidèlement les états d’âme d’un homme de Dieu qui a remis humblement entre les mains du Seigneur une affaire qui dépasse l’entendement. Avec lucidité, confiance et espérance.
par Pierre Durieux mars 2010
L'homme est pécheur,
le chrétien n'est pas meilleur que les autres,
le prêtre est faillible.
Mais la sainteté n'est pas un idéal impossible.
Benoît XVI dans sa lettre à l'Eglise d'Irlande du 19 mars t'a consacré un paragraphe entier. Il n'y mâche pas ses mots : "Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet." Ne crois pas qu'une partie de cette phrase soit moins importante que l'autre.
Ces temps-ci, tu es tellement médiatisé que les trois P du carême, "prière, pénitence, partage", ont été remplacés par les trois P de la suspicion : "prêtre peut-être pédophile". Pour toujours et pour tous, l'expression "prêtre pédophile" devrait être une contradiction. Pour l'heure et pour certains, elle devenue une évidence.
Je t'en veux. Je t'en veux parce que tandis que tu tombes sous les feux des projecteurs, mille de tes confrères restent debout dans l'ombre. Leur fidélité ne me console pas de ton infidélité. Mais ton infidélité n'anéantit pas leurs efforts.
Samedi, le pape t'a écrit : "Reconnaissez ouvertement vos fautes, soumettez-vous aux exigences de la justice, mais ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu."
Je t'en veux mais je veux te respecter parce que je crois que Jésus est venu pour guérir les malades et pardonner aux pécheurs. Je veux croire que la guérison et que la miséricorde s'étendent jusqu'à toi. Je le crois d'autant plus que ceux qui n'y croient pas, ceux qui veulent en finir avec toi, le prêtre pédophile, veulent en réalité souvent bien plus en finir avec le prêtre qu'avec le pédophile.
Je m'en veux. Parce que peut-être je suis responsable en partie de ce qui t'arrive. Je n'ai pas prié pour toi. Je t'ai parfois critiqué. Je t'ai souvent laissé seul.
Benoît XVI a posé un diagnostic clair sur ta situation et te prescrit des remèdes efficaces, pour un chemin de guérison, de renouveau et de réparation.
L'homme est pécheur, le chrétien n'est pas meilleur que les autres, le prêtre est faillible. Mais la sainteté n'est pas un idéal impossible. Prions pour obtenir des prêtres, de saints prêtres, des prêtres selon le cœur de Dieu. C'est le sens de la démarche proposée le 8 mai à Ars, où plus de 10 diocèses convergeront dans le village du saint curé.
Prenons soin de nos prêtres. C'est peut-être l'enseignement de cette année sacerdotale : tous ne sont pas appelés mais tous sont responsables de la manière dont quelques-uns répondent à cet appel. Nous serons alors heureux de dire avec saint Jean-Marie Vianney : "Un bon pasteur est le trésor le plus grand que le bon Dieu peut donner à une paroisse et l'un des dons les plus précieux de la divine miséricorde."
Pierre Durieux est vice-président de l'Université des communicants catholiques, directeur de la communication du diocèse de Lyon