102 'cartons' ou + de 522 'fardes'... composent ce dossier !

"Un bon berger ne baise pas ses moutons"

Dimitri Verhulst  Écrivain

le Vif 26.06.2017

C'est certain, l'Église a tout sauf l'apanage du comportement inapproprié avec des mineurs, des petits enfants, des handicapés, des orphelins... après tout, il y a des esprits malades partout, dans toutes les couches de la société. Cependant, cette institution prétend être un compas moral. Et ce compas, il indique l'enfer. Petit à petit, tous les bénitiers du monde ne suffisent plus à contenir les vomissements provoqués par notre colère en voyant la douceur de l'approche réservée à ces criminels religieux. Le Vatican garde tous les dossiers qui pourraient être utiles à l'Opération Calice (NDLR : l'enquête judiciaire sur des faits d'abus sexuels présumés et leur tentative d'étouffement par la hiérarchie catholique) sous les verrous. Les victimes qui risquent de parler sont intimidées et amadouées à coup de transactions. L'argent du tronc sert à refermer les pots au contenu pourri. Et si, de temps à autre, il arrive qu'une affaire se retrouve devant un tribunal, les soutanes virevoltent de joie à l'idée que les délais de prescription soient favorables aux crimes. On pourrait construire plus d'une abbaye sur les tombes des victimes suicidées. Il ne fait pas de doute que la nouvelle de leur suicide a fait sauter les bouchons au sein de la congrégation des Don Boscoiens. Le visage grimaçant, ils remercient et prient Notre-Dame des sept Douleurs à chaque témoignage qui ne peut plus être livré. Et ceux qui arrivent à peine à vivre mettent des années avant d'oser raconter leur histoire. Oser, vouloir, pouvoir la raconter, car pour guérir d'une blessure, il faut d'abord la rouvrir. Une fois que les victimes sont prêtes, quelques avocats posent un regard béat sur leur montre, car le délai de prescription est à nouveau passé.

Une fois que le prêtre a relevé son pantalon, il se passe souvent des choses particulières dans le cerveau d'une victime. Elle nie, par instinct de survie. Elle oublie. Il n'est pas rare qu'il faut des décennies pour que l'infamie refasse surface. Par un hasard par exemple. Parce que le gynécologue détecte quelque chose, un dommage au vagin qui ne peut n'avoir été provoqué que par une pénétration d'une enfant en bas âge. La mémoire, qui dormait, se réveille soudain. Mais les feuilles du calendrier ont couvert l'abus d'enfant pour toujours, le fantôme de la prescription interdit même à la victime d'envisager de raconter son histoire. Reste là avec tes dépressions, ton bas-ventre détruit, ton plaisir volé ! Et ceux qui envisagent tout de même de faire jouer la toge contre la soutane doivent craindre d'être ridiculisés en public.

 

Ou serait-ce la première fois qu'une victime soit traitée de fabulateur, longtemps avant qu'un juge ait pu s'exprimer ? Les centaines de victimes, visibles et invisibles, se sentent continuellement offensées. Toutes les portes vers la reconnaissance de leur situation, vers la justice, se referment devant leurs yeux. Et le fait que l'église se vide devrait consoler, mais ce n'est pas réconfortant, non. C'est largement insuffisant. Et ce n'est pas la question non plus. Il faut une justice. Pour l'instant, le clergé est au-dessus de la loi. Il a le droit de poser sa patte sur les enfants sans en payer les pots cassés. Trois Je vous salue Marie, cinq minutes de créativité avec le chapelet et en avant. Si la loi accorde de l'importance à la vérité, elle peut y contribuer en révisant ces délais de prescription pour abus sexuel sur mineurs, et de préférence en les abolissant, car cette vérité nécessite du temps et nous devons le lui donner. Si 40 000 signatures peuvent contribuer à mettre cette modification de la loi sur l'agenda politique, alors je tends mon stylo à Monseigneur Van Looy qui utilise le mot "commisération" presque comme un tic de langage, et je lui laisse apposer le premier paraphe.

 

 

 

 

08/2017 Sanctuaires N.D. du Laus France

Enfant, quoi que tu as vécu..., tout est grâce! dixit Mgr Léonard

"...Un enfant fait confiance;

il ne se prend pas trop au sérieux.

Il ne se fait pas de soucis inutiles.

Il ne se demande pas tous les jours:

est-ce que j'aurais encore à manger ?

est-ce qu'on aura de quoi me vêtir ?

si je suis malade quelqu'un va-t-il s'occuper de moi?

Il sait qu'il y a -quand tout va bien dans une famille-

il y a une providence qui veille sur eux

Ils ne doivent pas trop se soucier de l'avenir du boire,

du manger et du vêtement.

Et en cela, ils sont exemplaires.

Mais il est possible, à tout âge

d'avoir un coeur d'enfant

un coeur qui fait une totale confiance à la Providence.

à savoir que tout les événements de la vie du monde

et de notre vie personnelle, aussi tragiques soient ils

et regrettables soient-ils,

sont finalement portés par la Providence divine,

si bien que on peut dire avec Thérèse de l'Enfant-Jésus,

en vérité:

'Tout est grâce'

et ne pas se faire des soucis excessifs concernant

l'avenir. Avoir un coeur d'enfant.

...''

en résumé, tais-toi et pardonne. Voilà le voeu de certains prélats.

février 2016

février 2016

Opération Calice : six ans d’enquête pour rien

7 avril 2016 | Auteur : , et | Traducteur : Anne DemortierSource

L’opération Calice (Kelk en néerlandais) est le nom donné à l’enquête judiciaire sur les abus sexuels commis sur des enfants et la possible tentative pour étouffer l’affaire au sein de l’Eglise catholique en Belgique.

Il était écrit dans les étoiles que la grande enquête fédérale sur les abus sexuels dans l’Église ne mènerait nulle part. Opération Calice : six ans d’enquête pour rien, de l’argent jeté par les fenêtres, une perte d’énergie. Mais il y a encore plus grave : beaucoup de faux espoirs pour les victimes déjà lourdement marquées et contraintes, une nouvelle fois, de se rappeler tous ces pénibles événements.

 

Pourtant, ce n’est pas un échec parce que la justice n’a pas voulu explorer le fond du dossier. Tout le monde se souvient encore du dynamisme peu commun avec lequel le juge d’instruction Wim De Troy et ses troupes ont débarqué à l’archevêché de Malines Bruxelles. Ce n’était pas une simple visite de courtoisie.

« Les choses sont allées très loin, jusqu’à forer des trous dans le sol de la crypte »

Les choses sont allées très loin, jusqu’à forer des trous dans le sol de la crypte ; un témoin
avait en effet indiqué que le cardinal y avait caché des documents secrets. Bien sûr, cela n’a rien donné. Même si de nombreux cartons contenant de la correspondance ont été saisis, dont des cartes de voeux du Roi (mince alors !), on n’a rien trouvé qui puisse être de quelque utilité devant un tribunal.

Tout le monde le savait déjà à l’époque : la quasitotalité des abus consignés, quelle que soit leur gravité, étaient désespérément prescrits. Même en prolongeant le délai de prescription à quinze ans. La justice n’a pu qu’en faire le constat. Ce qu’a également annoncé le parquet fédéral hier. Une gifle
de plus pour les victimes, c’est certain, mais on ne peut rien y faire.

Le tribunal s’est focalisé sur l’abstention coupable dans le chef du Cardinal Godfried Danneels, des évêques et des supérieurs de congrégations. Les « Cassettes Danneels » avaient en effet révélé que l’archevêque était au courant des abus commis par Roger Vangheluwe et qu’il avait naturellement
étouffé l’histoire. Des archevêques et des supérieurs des Frères n’en sortaient pas indemnes non plus. Mais toute personne s’y connaissant un tant soit peu en questions juridiques sait que rien n’est
plus difficile que de fournir la preuve d’une abstention coupable. Il ne suffit pas d’être au courant de quelques éléments d’un délit, il faut que la douleur se soit fortement aggravée par votre négligence
pour pouvoir être puni. Et la justice est à présent libérée de cet exercice délicat de réflexion. Si les faits sur lesquels porte l’abstention coupable sont prescrits, alors l’absence coupable de prévoyance l’est aussi. Le Cardinal Danneels, l’archevêque Léonard et le supérieur général Stockman peuvent dormir sur leurs deux oreilles. La justice ne peut plus rien tenter contre eux.

« Vangheluwe vit toujours caché. Une vallée tranquille, quelque part en France. »

Les avocats des victimes déclarent qu’ils vont demander des compléments d’enquête et que « l’affaire n’est pas encore terminée ». Pourtant les chances sont minces d’en obtenir encore quelque chose de substantiel. Mais ce ne sera rien d’autre qu’un petit combat dans la marge. Car on dirait bien que le rideau est tombé. Vangheluwe vit toujours caché. Une vallée tranquille, quelque part en France. C’est Rome qui a tout organisé pour lui, et les chances sont faibles de le voir ressortir en pleine lumière. Il a déjà causé assez de scandale, pour des faits dont le délai de prescription est l’éternité.

https://daardaar.be/rubriques/societe/operation-calice

 

A relire

K. Lalieux aux victimes, dont joel devillet 2012

Courrier de la présidente de la Commission spéciale...
hallucinant !

Lui ai répondu -directement- de ne plus rien m'envoyer.

lettre ouverte de Joël Devilletaux députés fédéraux 2012. Rien à retirer

suite à la commission spéciale 'abus' du parlement fédéral belge et adressée par mail à la totalité des députés, cela, avant le vote du rapport. 0 réponse !